Julien

Ma fenêtre est une fenêtre comme les autres, se sont les idées, les pensées qui y naissent qui sont singulières. Les miennes.

Mon prénom, mon nom et moi-même…

Je suis un adolescent, bientôt un jeune homme. J’évolue physiquement et moralement. Ma chambre fait de même, elle grandit avec moi. Elle se défait et se refait, tout va de pair. Quelquefois, la solitude m’envahit et plus rien de bouge.

Me voilà qui monte les escaliers. On a tous des escaliers différents. Les miens sont en carrelage blanc avec une rambarde en acier ondulé, faite sur mesure. Arrivé devant la porte, je l’ouvre délicatement ou brusquement, selon mon humeur du jour.

Je suis rentré, je suis seul, je suis libéré de tout et je laisse le rien monter en moi.
C’est une chambre banale.
Quatre murs, un plafond. Un lit. J’aime m’y asseoir, dormir, lire, m’y réveiller chaque matin. Je vous laisse imaginer ce décor, pour que vous vous y sentiez comme chez vous. Un ou deux pas. Voici le bureau. J’aime m’y asseoir, sortir un cahier, une feuille, un stylo, rien de plus, vous l’aurez compris, j’écris. J’écris pour me divertir, me concentrer, me libérer. Cela peut durer deux minutes comme plusieurs heures.
Sur le mur de gauche, une étagère. Quatre pantalons, cinq tee-shirts, trois pulls et quelques sous-vêtements. Juste de quoi s’habiller pour une semaine ou deux, pas plus. À droite, d’autres étagères où sont déposés mes souvenirs. Des cailloux, des coquillages, souvenirs de vacances, de voyages, mais aussi reliques de mon enfance, petites chaussures, vêtements de bébé. Tout est bien rangé, entretenu.
Dans mon dressing, mes lectures sont classées par ordre chronologique. Mes anciens LEGOS sont rangés par couleur dans des boîtes différentes avec ces milliers de petites pièces qui peuvent en s’assemblant ressembler à mon imaginaire. Faire, défaire, refaire. On trouve aussi dans cette petite pièce surchargée mon tout premier drone qui ne pouvait voler qu’à une centaine de mètres et qui retombait à chaque bourrasque. Tout en haut de l’étagère, presque au plafond, la maquette en papier d’une ville imaginaire que j’avais réalisée.
Ma fenêtre est une fenêtre comme les autres, se sont les idées, les pensées qui y naissent qui sont singulières. Les miennes.
Les yeux clos, j’ouvre la fenêtre.
Dehors, c’est un soleil levant qui illumine les montagnes.
Un nuage de grues passe, signe de liberté.
Je me dis que moi aussi un jour je pourrais m’envoler, aller là où je veux.
Je rêve et rêvasse jusqu’au moment où le soleil atteint son zénith. Il est midi au milieu du mois de juin. C’est bientôt les vacances d’été.
Mes parents m’appellent pour manger, je referme la fenêtre.
Je fais le tri dans mes pensées, retiens ce qui est à retenir, oublie ce qui doit l’être.
Je ne pense à rien. Je suis un adolescent, bientôt un jeune homme.
Demain, nul ne sait qui je deviendrai ; c’est à moi que ma vie appartient.