Cassandra

Il y a aussi dans ma chambre, celle qui aime se regarder dans le miroir de sa coiffeuse. Est-ce du narcissisme ? Est-elle superficielle cette fille qui se maquille pendant des heures ? Je crois surtout qu’elle aime s’amuser.

UNE CHAMBRE D’ADOLESCENTE COMME LES AUTRES

D’accord. J’ai compris, il faut parler de sa chambre. Ça ne doit pas être si compliqué. Mais le problème c’est que… Bah, ma chambre à moi me semble des plus banales, une chambre adolescente comme les autres : un lit, un bureau, une armoire et même une coiffeuse. Certaines personnes de mon âge aiment bien être seules dans leur chambre, mais moi, même si je le voulais, je ne le pourrais pas parce que je crois bien que mon frère et ma sœur ne comprennent pas le principe d’avoir une porte fermée! D’un autre côté, c’est vrai que ça ne me dérange pas plus que ça, et puis je les aime beaucoup alors….

Revenons à la description de ma chambre. Que dire ?

Encore une fois rien de très original pour une chambre adolescente : elle est en bazar.

Mes affaires sont éparpillées sur mon lit. J’avoue que le matin pour trouver des habits, c’est assez compliqué. C’est pourquoi je mets toujours les mêmes. Quand je m’imagine dans cette chambre comme si je m’observais à différents moments de la semaine, de l’année, de la journée, j’ai l’impression que plusieurs moi s’y cachent. Comme cette collégienne un minimum studieuse qui travaille sur son lit avec de la musique. Comme cette enfant sur les photos de famille. J’aime bien regarder les photos que j’ai accrochées sur mon mur, même si je sais que les regarder, ça me rend triste. La petite fille que j’étais doit sûrement me manquer. Il y a aussi dans ma chambre, celle qui aime se regarder dans le miroir de sa coiffeuse. Est-ce du narcissisme ? Est-elle superficielle cette fille qui se maquille pendant des heures ? Je crois surtout qu’elle aime s’amuser, jouer avec les couleurs, le rose, l’orange, le violet. Et quand enfin elle trouve ça joli, elle poste une photo sur les réseaux avec satisfaction. Être, paraître, jouer à grandir, c’est aussi ce que la fille devant le miroir aime faire. L’été, assise sur le balcon, sans doute le soir, éclairée par le réverbère qui illumine sa rue, une autre fille apparaît, la lectrice, la rêveuse, celle qui aimerait bien pouvoir échapper à sa vie banale et ressembler aux héroïnes des romans qu’elle dévore.

Dans ma chambre, je peux être toutes ces filles, toutes celles que je suis ou que je voudrais être et que personne ne connaît réellement. Une chambre d’adolescente comme les autres, je vous l’avais dit.